Précarité : Tout le monde descend !
« La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » (Laurence Parisot, présidente du MEDEF – sept. 2005).
Confondre ce qui est essentiellement précaire et ce qui est socialement précarisable, c’est donner la loi du plus fort comme seule valable. C’est facile de parler de précarité à l’heure du thé, quand des poches déjà bien garnies ne promettent que des jours meilleurs. A qui s’adresse-t-on ? À ces femmes précaires qui n’ont le « choix » qu’entre des CDD et des missions d’intérim? Aux salariés d’un fast-food aux cadences infernales, sous prétexte que le travail, c’est la santé ? Quelle place à l’amour dans l’existence de cette Togolaise sans papier réduite à l’esclavage ? Quelle est cette logique qui conduit des centaines de fermiers et d’ouvriers au chômage aux États-Unis à accepter un emploi dans des prisons privées où des détenus travaillent… gratuitement ? Des vies gâchées par millions, mais pas pour tout le monde. À qui profite crime ?
Quelques films pour nous montrer à travers certains exemples qu’une précarité déclarée inévitable est surtout bien organisée.
Programmation Studio de l’Ermitage
Le fond de l’air est précaire
CDD, intérim, RMA, stage, temps partiel, free lance, travail au noir ou clandestin, et le petit dernier, le Contrat Nouvelle Embauche. Vous voulez du travail ? Sachez prendre des risques, votre précarité est votre meilleur atout ! Paraît-il…
SEANCE 1 // vendredi – 17h- La machine est en route – Réflexions sur autour du travailde Thomas Delgado (2003 Docu – 26′)
L’aliénation au travail ne rime pas qu’avec usine et ville. Dans la campagne verte et brumeuse du Limousin, des éleveurs de chèvres en savent quelque chose… - Liebe Arbeit de Vanessa Lenzi (2005 Documentaire – 46′)
Des femmes sur leur lieu de travail racontent les circonstances qui les ont amené à faire leur métier. Liebe arbeit (« Cher travail ») est un film très personnel qui pose la triple question de la contrainte, de la précarité et de la liberté de choisir son métier.
- H&M Histoire d’une grève de David Futerman (2005 Documentaire autoproduit – 30′)
Les salariés grévistes de l’entrepôt du Bourget passent les fêtes de fin d’année 2004 sous la tente à bloquer les portes de leur lieu de travail. Ils témoignent avec beaucoup de sincérité de cette expérience, nouvelle pour nombre d’entre eux. - Tempête dans un Mc Do de Nathalie Boisson et Rossalinda Scalzone (2004 Documentaire)
Le Mac Do de Strasbourg-Saint-Denis a connu deux longues grèves en trois ans. Une première dans la restauration rapide. A l’automne 2003, dans le restaurant occupé, six grévistes nous livrent leurs réflexions sur le travail et la lutte… - Rencontre-débat avec David Futerman, Nathalie Boisson, Rossalinda Scalzone et Ronald Mc Donald (sous réserve).
- A pas lentes par le Collectif Cinélutte (1977-79 Documentaire – 40′)
Au cœur du conflit Lip, des ouvrières grévistes créent une commission femmes. Pour beaucoup, le pas qui reste à faire…. c’est d’oser se manifester. - Femmes Précaires de Marcel Trillat (2005 Documentaire – 83′ – VLR productions / France 2 / TV5)
Après « Les prolos » et « 300 jours de colères », Marcel Trillat aborde le problème du travail à temps partiel à travers le portrait de cinq femmes qui résistent bec et ongles aux assauts de la précarité. - Rencontre débat : Marcel Trillat, Yves Clot (professeur en psychologie du travail au CNAM)
- Ce qu’on a fait à Florennes (Reportage Belgique 2003 – 15′ – Les Films en Compote)
Comment faire décontaminer un champs de colza OGM par bourgmestre interposé : recette, conseils, secrets de fabrication. - Un Cirque à New York de Frédérique Pressmann (documentaire 2002 – 54′ – INA)
Été 1999, la troupe du Circus Amok sillonne les quartiers populaires de New-York. Drôle, provocateur et engagé, le cirque offre des spectacles gratuits en plein air et n’épargne pas le maire de la ville, le célèbre Rudy Giuliani.
Circulez, y’a rien à voir
Les migrants précaires sont riches d’adversaires : État, police, propriétaires…. Pour eux on a même inventé l’esclavage moderne. Corvéables et expulsables à merci, finalement la seule intégration qu’ils connaissent c’est le système D.
SEANCE 1 // samedi – 11h- Transit de Bani Khoshnoudi (2004 – fiction – 34′ – TSVP)
Arya quitte l’Afghanistan pour rejoindre l’Angleterre. Séparé de ses compagnons de route, il arrive à Paris. Enfermé par ses passeurs dans une petite chambre d’hôtel avec d’autres exilés, il attend. - Romani bakht de Bielka Mijoin-Nemirovsky (2005 Documentaire – 32′ – Ateliers Varan)
Montreuil printemps-été 2005. Des familles roms sont expulsées des squats qu’elles occupaient depuis plusieurs années. Parmi celles-ci, la famille de Sorina.
- Vers le Sud de Johan Van Der Keuken (1981 Documentaire – 143′ – JVDK / VPRO)
Vers le Sud, c’est le voyage de Van der Keuken dans l’année 1980, parcourant l’Europe et allant même jusqu’au Caire. « C’est, dit-il, une histoire de l’émigration intérieure et extérieure, une suite de regards sur le courage de vivre. »
- La femme seule de Brahim Fritah (2004 Documentaire – 23′ – Les films sauvages)
Akosse Legba, une jeune femme Togolaise a été victime d’esclavage moderne. Un luxueux appartement parisien est le théâtre des réminiscences de son passé. Ainsi, dans les pièces vides résonne sa voix qui raconte les conditions de sa venue en France, ses souffrances et comment un fragile processus d’affranchissement s’est lentement mis en place, grâce aux objets qui constituaient son environnement quotidien. - Ma vie est mon vidéoclip préféré de Lee Show-Chun (2004 Documentaire – 48′ – Sunday Morning productions)
Arrivée de Chine à 17 ans, Ren Liping croit avoir réalisé son rêve. Mais en France, la réalité est celle de la clandestinité. En attendant mieux, Ren donne une autre forme à ses espoirs… - Rencontre-débat avec Lee Show-Chun et Brahim Fritah
Du fond du trou
En prison, tout est fait pour enfermer et précariser encore un peu plus, les murs mais aussi des barreaux plus symboliques. Une société qui préfère surveiller et punir, au lieu d’insérer et prévenir, fait de la prison un monde de l’invisible et du silence : « Nous avons le droit de savoir. Nous voulons savoir. » (Groupe d’Information sur les Prisons).
SEANCE 1 // samedi 16h30- Ateliers audiovisuels en prison : La vraie vie de José Césarini et Aziz D (2000 Docu-fiction – 26′ – Lieux fictifs)
- Fragments d’une rencontre (extrait) de Anne Toussaint (2005 Documentaire – 20′ – Les yeux de l’ouïe)
Créer en prison, créer pour se recréer? Les associations Lieux fictifs et les Yeux de l’ouïe animent depuis de nombreuses années des ateliers de création audiovisuelle en milieu carcéral.
A partir de leurs réalisations, qui proposent un autre regard sur la vie en prison, une rencontre débat avec les intervenants.
Avec : Caroline Caccavale et José Césarini (Lieux fictifs), Anne Toussaint et Sabrina Malek (Les yeux de l’ouïe), Monique Girey, Jean-Pierre Krief.
SEANCE 2 // samedi – 18h30
- La rage et le rêve des condamnés de Jean-Pierre Krief (2001 Documentaire – 67′ – KS vision / Arte)
Des hommes mis à genoux par le système carcéral relèvent la tête grâce à la création artistique. Le film suit de façon privilégiée le parcours de Jimmy Boyle, ancien ennemi public n°1. Il aurait pu laisser sa raison en prison, il est devenu un artiste de renom.
- Les prisons aussi (GIP) de Hélène Châtelain et René Lefort (1973 Documentaire – 90′ – Elysée relations cinématographiques)
Après les révoltes en prison de 1971, le Groupe Information Prison (GIP) dont Michel Foucault est l’un des fondateurs, décide de briser le silence. À quoi sert la prison ? Des témoignages d’ouvriers et d’anciens détenus mettent à jour les contradictions d’un système fondé sur l’exploitation et la répression.
- A qui profite le crime ? de Christiane Badgley (2002 Docu-fiction – 52′ – Coup d’œil/Arte)
À McRae, en Géorgie, on compte sur la nouvelle prison privée pour relancer l’économie locale… La dépression économique et le marché juteux des prisons privées ont trouvé un terrain d’entente. Christiane Badgley fait le bilan de trente ans de « »boom carcéral » aux États-Unis avec une grande pertinence et une froide lucidité. » - Une part du ciel de Bénédicte Liénard (2002 – fiction – 83′ – JBA)
Claudine travaille à l’usine. Comme dans une prison. Joanna est en prison. Comme à l’usine. Un parcours croisé où la frontière est fragile entre monde du travail et univers carcéral.
Et aussi…
SEANCE // vendredi – 18h // Longue-vue sur le cinéma militantCarte blanche au CCPPO : La culture en partage
Découvrez « la véridique et fabuleuse histoire d’un étrange groupuscule » : Le CCPPO. Le Centre Culturel Populaire Palente-Orchamps de Besançon s’est distingué dans les années 60-73 par la diffusion d’un cinéma militant (groupes Medvedkine de Besançon et de Sochaux…). Encore très actif aujourd’hui, sa vocation était de démocratiser la culture et l’art comme outils de transformation sociale.
- Rhodia 4*8par le groupe Medvedkine de Besançon (1969 – 4′)
Mise en bobine d’une chanson militante de Colette Magny ( interprète de la célèbre chanson « Mélocoton ») - Septembre chiliende Bruno Muel, Théo Robichet, Valérie Mayoux (1973 Documentaire – couleur 40′)
À peine quinze jours après le coup d’état de la CIA et d’Augusto Pinochet, quelques cinéastes foncent au Chili, à temps pour filmer l’enterrement du poète Pablo Neruda, première manifestation d’opposition à la dictature qui s’installe. - Week-End à Sochauxpar le groupe Medvedkine de Sochaux (1971-72 Documentaire – couleur 57′)
« Faudrait qu’le patron il soit élu par les salariés, déjà, et pis qu’il ait un rôle seulement exécutif ». « Ecrit, joué et rêvé » par le groupe Medvedkine de Sochaux ce film alterne témoignages et parodies sur le fonctionnement déshumanisant de la Peuge. - Rencontre débat avec Roger Journot (président du CCPPO)
Constituée autour de l’association de chômeurs et de précaires APEIS en septembre 2004, la chorale Abalabu a une connaissance bien aiguisée du répertoire révolutionnaire et militant et est même tout à fait pointue sur les derniers singles en vogue autour de la planète. D’autres lucarnes // vendredi – 18h30 // Cinéweb : quand les net-activistes font leur cinéma
Depuis que le grand réseau mondial a ouvert sa toile, les militants de tout poil et de tous les horizons y font leur cinéma. Des pionniers américains et leur « cultural jamming » , en passant par les collectifs français (Regarde à vue, Mouvement des Intermittents), espagno-argentins (Yomango), italiens (San Precario), franco-américains (The Yes Men, Negativland, MoveOn)… le net est une caisse de résonnance visuelle et théâtre de leurs actions. Le net est devenu la lucarne la plus radicale des mouvements sociaux d’aujourd’hui. Une séance concoctée, présentée et animée par Laurence Allard et Olivier Blondeau, enseignants en Arts et Culture à l’Université de Lille 3.